D2 finistère: si le ping était une boisson, ca serait un cabernet

" ah bah tiens, y a pu de bière " . Du haut de ses 50 ans, les yeux fatigués par toutes les joutes au bar qu'il a menées pour son club, celui qu'on considère comme le " poilu " de l'ASA tennis de table contemplait le néant du frigo tel Jules César après avoir conquis l'amérique. Il fouilla nerveusement entre les canettes d'orangina, les écartait de toutes ses forces en espérant trouver au fond du frigo une de ces petites bouteilles de verre encapsulées qui contiennent le précieux nectar qui aurait rassasié ma soif. En vain.

" en vin, mais du blanc ou du rosé ? " Le vétéran 2 me proposa donc un verre de rosé de l'une des 14 bouteilles de cabernet entamées qui trainent dans le frigo depuis la nuit des temps, entre 4 pots de rillettes périmées de la dernière journée de championnat qui donnent cette odeur âcre au local du club et qui fait la réputation avrillaise à travers tout l'anjou et au-delà. Certains racontent qu'il reste encore du rosé de la montée de la R4 en 1989, et que quiconque en boirait jouerait 35, et que notre vétéran serait tombé dedans quand il était petit, et qué s'appellorio Quézac.

Pendant ce temps à Douarnenez, les sardines de la D2, amputées de leur capitaine parti se ressourcer dans son ancien club, ont pris 14-6 lors de la 3ème branlée retour du championnat.

14-6, c'est pas la défaite 12-8 ou 11-9 où t'es vénère que l'autre gros con a eu 3 grattes alors que tu menais 9-8 à la belle et que ça aurait fait match nul, de toute façon ce club c'était une brochette de cons, attends ils sont pas encore partis. C'est pas non plus la branlée sèche, le 18-2 qui ridiculise l'équipe, qui enfonce les joueurs dans un sentiment de nulance aigüe, qui fait que tu noies ta tristesse dans la bière s'il en reste.

14-6, c'est moins rageant que perdre 30-21 en rugby, mais c'est moins humiliant que prendre 4-1 à domicile au foot. C'est l'équilibre dans la défaite. La branlée idéale, celle qu'on voudrait prendre chaque week-end. Ca passe tout seul, c'est pas agressif, c'est doux : c'est le cabernet d'anjou de la défaite. 

La prochaine journée, nous recevons l'équipe de Quimper, qui a pris 2 fois 13-7 lors des dernières journées. C'est une branlée agréable à prendre aussi, 13-7, moins amère qu'un 11-9 ou qu'une suze, mais moins sèche qu'un 19-1 ou qu'un muscadet. Mais cette fois, l'une des 2 équipes va certainement goûter à la victoire. Espérons que ça sera nous, et qu'elle aura goût de houblon.